Mali | République du Mali

Mali | République du Mali

Mali | République du Mali
Le Mali, en forme longue la République du Mali, est un pays d'Afrique de l'Ouest, frontalier de la Mauritanie et de l'Algérie au nord, du Niger à l'est, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire au sud, de la Guinée au sud-ouest et du Sénégal à l'ouest.

Ancienne colonie française du Soudan français, le Mali est devenu indépendante le 22 septembre 1960, après l'éclatement de la Fédération du Mali regroupant le Sénégal et le Soudan français. Sa devise est « un peuple, un but, une foi » et son drapeau est constitué de trois bandes verticales respectivement verte, jaune, rouge.

La république du Mali a conservé les frontières héritées de la colonisation. Antérieurement, plusieurs royaumes et empires se sont succédé, englobant une partie plus ou moins importante du Mali actuel et des pays limitrophes.

Avec 14 517 176 habitants en 2009, la population malienne est constituée de différentes ethnies, dont les principales sont les Bambaras, les Bobos, les Bozos, les Dogons, les Khassonkés, les Malinkés, les Minianka, les Peuls, les Sénoufos les Soninkés (ou Sarakolés), les Sonrhaïs, les Touareg, les Toucouleurs. Le français est la langue officielle, mais la population parle majoritairement les langues nationales, le bambara étant la plus utilisée.

Avec une économie encore essentiellement rurale, le Mali, pays enclavé, fait partie des 49 pays les moins avancés (PMA) en terme de développement socio-économique.

Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Union africaine.

Bamako, peuplé de 1 809 106 habitants en 2009, est la capitale du pays.

Histoire du Mali
Histoire du Mali

Le Mali a été le siège de trois grands empires : l'empire du Ghana, l'empire du Mali et l'empire songhaï. Il sera par la suite une colonie française. Quelques années après l'indépendance, il subira la dictature de Moussa Traoré avant de connaître un régime démocratique depuis le début des années 1990.

La préhistoire
Les premières traces de peuplement humain remontent au Ve millénaire av. J.-C., on trouve en effet des vestiges néolithiques du Sahara vert dans l´Adrar des Ifoghas. Au IIIe millénaire av. J.-C. les modifications climatiques entraînent un fort afflux des populations berbères vers le nord de l´Afrique. Les populations noires s´installent dans le sud, dans la vallée du Niger. Les premières formes de vie urbaines apparaissent alors au seuil de notre ère à Djenné-Djenno.

L'empire du Ghana
Aussi nommé Ouagadou, il est érigé par les Sarakolés au IVe siècle. Il fonde sa prospérité sur le sel et l'or. L'empire se désagrégera en 1076 suite aux percées des berbères venus islamiser l'Afrique occidentale.

Empire du Mali
La Grande mosquée de Djenné - Patrimoine mondial de l'Unesco

Empire du Mali

L’Empire du Mali est un empire africain du Moyen Âge. Il a été créé au XIIIe siècle par Soundiata Keita et connut son apogée au XIVe siècle. Il est le berceau de la charte du Manden.

Le Manding (ici dans la région de Siby) est le berceau de l'Empire du Mali

Sources

Pour aborder l'histoire du royaume du Mali il convient de commencer par présenter les sources qui nous permettent d'appréhender cette histoire. Elles sont peu nombreuses, équivoques et lacunaires, ce qui permet encore aujourd'hui d'émettre à partir d'une même source plusieurs hypothèses.

Les sources écrites
Elles sont de deux types: les sources écrites exogènes, les seules dont nous disposons jusqu'au XVIe sièclee siècle et les sources écrites endogènes, qui prennent le relais des précédentes à partir du XVIe siècle et qui émanent des cercles lettrés de la Boucle du Niger. Les premières englobent les écrits des voyageurs et compilateurs arabes, Al Bakri XII ème siècle Al Umari, Ibn Battuta et Ibn Khaldoun XVI ème siècle pour les plus essentiels. Les secondes sont les fameux Tarikh, le Tarikh al-Soudan et le Tarikh al-Fattach, Chroniques/Histoire des Noirs et Chronique du chercheur, qui apparaissent après la conquête de l'empire du Songhay par les Marocains et qui traitent un peu du Mali. Enfin on peut signaler les récits des voyageurs portugais qui apportent quelques informations sur un royaume du Mali plus tardif et qui a beaucoup régressé (référence à venir, pour les sources arabes voir plus bas).

Carte de l'empire du Mali à son apogéeCarte de l'empire du Mali à son apogée

Les traditions orales et les études archéologiques
Eu égard à la place qu'occupaient les Jeli à la cour malienne, et étant donné que cette fonction sociale existe toujours, les traditions orales occupent une grande place dans les études sur le Mali ancien. Elles n'ont pas fait l'objet d'un recueil général et d'une publication groupée qui permettrait des études comparatives. Elles sont censément fixées et transmises de génération en génération de façon formalisée mais elles varient d'un village à l'autre, d'une région à l'autre et grâce au recueil précoce de ces traditions aux premières heures de la colonisation il est possible de voir qu'elle ont subi aussi des altérations dans le temps.

Elles sont donc sujettes à caution et il ne faut pas y voir un réservoir brut d'informations historiques car elles reflètent des enjeux sociaux et informent davantage sur les représentations des sociétés où elles ont émergé. La traditions la plus connue est celle relatant l'ascension au pouvoir de Sunjata Keita qui a fait l'objet de nombreuses publications, notamment par D.T. Niane Sunjata ou l'épopée mandingue.

Enfin peu d'études archéologiques sont disponibles et la plus importante, celle de Filipowiak à Niani en 1965, 1968, et 1973 n'a pas donné de résultats probants pour la période médiévale (XIII-XVI).

Étymologie
On peut penser que le mot Mali (qui veut dire hippopotame en Mandingue, Bambara et Dioula) vient du nom de l'hippopotame, puisque la tradition veut que le père fondateur de l'empire, Soundiata Kéïta se soit noyé dans le Sankarani.

Les habitants de l'empire, eux ont toujours appelé leur pays Manden et non Mali. Mais il est bon de savoir que les Peuls (ethnie nomade présente au Mali depuis la création de l'empire) appellent les habitants du Manden : Malinké, littéralement "la bonne chance". On en déduit que les "mandenka" eux-mêmes appellent leur pays Manden et les Peuls appellent ce pays : Mali ( "conclure un arrangement", "porter chance") et ses habitants Malinké ( "Ceux qui portent chance").

Géographie
L'empire du Mali s’étendait entre le Sahara et la forêt équatoriale, l'Océan Atlantique et la Boucle du Niger soit sur les actuels Mali, Burkina Faso, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mauritanie et une grande partie de la Côte d'Ivoire.

Il était un carrefour important entre les peuples nomades du Sahara et les peuples de l'Afrique noire équatoriale.

Son économie reposait sur l'agriculture, l'artisanat, l'exploitation des mines d'or, et le commerce de l'ivoire vers le bassin méditerranéen.

Capitale de l'empire du Mali
À la lumière des sources et des études historiques disponibles, il est impossible aujourd'hui de savoir où se trouvait la capitale du royaume du Mali. Cependant sa recherche, plus ou moins intense et active en fonction des périodes, a constitué un formidable aventure littéraire, historique et humaine. Le plan suivant propose donc de revenir succinctement sur les différentes articulations des recherches et sur les dernières hypothèses émises par les historiens.

Les sources relatives à la capitale du royaume du Mali
Il existe plusieurs types de sources qui nous renseignent sur la capitale.

Les sources écrites des géographes arabes et des Tarikh
Pour la période de l'apogée du royaume (XIIIe-XVe siècle) nous disposons des récits de trois géographes et voyageurs arabes. Tout d'abord al-Umari (1301-1349) nous livre des informations sur la ville qui datent d'avant 1340 par le biais d'un informateur. Le géographe suivant est Ibn Battuta (1304-1368). Sa relation est la plus importante concernant l'histoire du royaume du Mali en général. C'est le seul à s'être rendu dans le Sahel au cours d'un voyage débuté en février 1352 et achevé en décembre 1353. Il séjourna huit mois dans la capitale et nous donne des informations très précises sur la structure de la ville. La description de son trajet pour s'y rendre comporte de nombreuses zones d'ombre et demeure le point le plus interprété par l'historiographie. Enfin le dernier grand auteur pour cette période est Ibn Khaldoun (1332-1406) qui a recueilli des informations depuis le Caire. Notons que les traductions et des éditions des manuscrits, quand elle nous le donne, comporte toutes un nom différent pour désigner la capitale.

On retrouve le même problème dans les chroniques (Tarikh) du XVIe et XVIIe siècle, respectivement le Tarikh al-Sudan et le Tarikh al-Fattach qui retracent l'histoire de l'empire du Songhay mais accorde une petite place à l'histoire royaume du Mali. Ainsi au final pour le nom de la capitale nous disposons de plusieurs traductions et vocalisations pour le nom de la capitale (Malli, Byty, Bini, Bani, Yani', liste non exhaustive). Dès lors tous ces noms renvoient-ils au même lieu ou désignent-ils la même capitale?

Les sources orales et archéologiques
Il n'est pas exact de parler de sources archéologiques pour la capitale puisqu'à ce jour elle n'a pas été encore retrouvée. Cependant plusieurs sites apparaissent dans l'historiographie. Niani-Madugu, Mani-Koura ou Mali-Tombo, et enfin Niani sur le Sankarani, petit village près du fleuve Sankarani dont le site archéologique a été fouillé lors de trois campagnes en 1965, 1968 et 1973. Ce dernier site fait l'objet d'un développement ci-dessous.

Enfin le dernier type de source concerne les traditions orales, récits formalisés dont la transmission est assurée par la caste des jeli déjà présente sous le royaume du Mali et toujours présente dans certains villages du Mali aujourd'hui, dont le plus connu est Keyla.

Les premières hypothèses (1841-1912)
Cooley , géographe anglais, est le premier à émettre en 1841 une hypothèse sur la capitale. Il la situe près du village de Samee, près du fleuve Joliba. Binger, officier français qui traversa le Sahel, donne en 1892 une localité toute différente, le site de Nianimadougou, près de Yamina. Ces hypothèses ont en commun la rive gauche du fleuve Niger. Elles n'ont pas été reprises par l'historiographie. C'est Maurice Delafosse qui le premier donne une vraie consistance au sujet. En 1912, dans son ouvrage Haut-Sénégal-Niger il donne raison à Binger dans un premier temps, avant de s'orienter vers une nouvelle hypothèse qui s'est imposée comme un paradigme sur la question.

Niani est la capitale du Mali (1923-1958)
C'est la période où les publications sur la question de la capitale atteignent leur apogée. Les administrateurs coloniaux, Delafosse tout d'abord, puis Vidal et Gaillard par la suite, établissent, par une série d'articles, un lien formel entre le nom de Niani du site près du Sankarani, et le nom présent dans les sources écrites. Un paradigme s'est formé et il est clairement un lien causal fort des fouilles archéologiques qui se sont opérées à Niani.

Les campagnes archéologiques à Niani (1965-1973)
Le Polonais Filipowiak a mené les campagnes de fouilles sur ce site. Il a été assisté du spécialiste de l'histoire du Mali, D. T. Niane et entretenait une correspondance avec Raymond Mauny le spécialiste français du Soudan médiéval, professeur en Sorbonne. À l'issue des fouilles il a publié en 1979 un ouvrage qui présente les conclusions de ses travaux, Études archéologiques sur la capitale médiévale du Mali. Il y affirme avoir trouvé la capitale du royaume du Mali.

La remise en cause des résultats de Filipowiak arrive vite. En effet, les conclusions de ses travaux sont connues avant la sortie de son livre. Meillassoux et Hunwick, en reprenant l'itinéraire d'Ibn Battuta propose de nouvelles localisations. Mauny avant eux avaient pointé les contradictions des écrits de Filipowiak avec les résultats des analyses au carbone 14.

Vers la remise en cause du site de Niani comme capitale, le renouvellement des hypothèses
Face à cette impasse des tentatives de retrouver la capitale à l'âge d'or, les historiens se tournent vers la capitale primitive (Conrad, Greenn) et utilisent désormais des termes plus neutres, comme cour des Mansa ou cour royale des Mansa, pour supplanter le terme de capitale étant donné que les dernières hypothèses tendent à envisager le caractère mobile ou nomade de la cour entre plusieurs villes (idée véhiculée par la communauté historienne anglo-saxonne). La question reste donc en suspens, les sites ayant été étudiés n'ayant pas donné de résultats probants. La capacité heuristique du travail des sources semble entamée, ce qui explique un certain abandon de la question. Peut-être faut-il redéfinir l'espace et les études pour relancer les prospections sur de nouvelles aires.

Les origines
La région du Manding (ou Manden) était divisée en trois provinces dirigées par les clans malinkés : les Condé régnaient sur la province du Do, les Camara sur le Bouré et les Keïta alliés aux Traoré et aux Konaté dans le Kiri. Vers 1050, le clan des Keïta l’emporte sur les autres. Ils se convertissent à l’islam et refusent la soumission à l’empire du Ghana.

À la fin du XIIe siècle, règne Naré Maghann Konaté, père de Sundjata Keïta. Il chercha à s’allier avec les royaumes voisins afin de s’opposer aux nomades venant du Sahara capturer des esclaves. Au nord, Soumaoro Kanté, roi du Sosso conquiert les petits royaumes voisins au XIIIe siècle et constitue une armée très disciplinée. Voulant contrôler les mines d’or, Soumaoro Kanté attaque le Manding.

Soundiata Keïta
La vie de Soundiata Keïta nous est connue par les traditions orales rapportées par les griots: sous la forme d'une épopée légendaire, elles en font un héros-fondateur. Néanmoins de brèves mentions du personnage et du contexte géopolitique à l'époque de son règne chez deux auteurs arabes du XIVe siècle (Ibn Khaldun et dans une moindre mesure Ibn Battuta), ainsi que dans les chroniques écrites du XVIIe siècle, confirment qu'il fut bien un personnage historique et corroborent certains faits évoqués dans les sagas orales.

En difficulté devant les attaques de Soumaoro Kanté, les malinkés font appel à Soundiata Keïta. Selon la tradition racontée par les griots, Soundiata Keïta serait né handicapé et ce n’est que tard qu’il aurait pu marcher. Il aurait été persécuté par son frère aîné Dankaran Tuman, ce qui l'aurait poussé à s’exiler à Néma.

Vers 1230, il devient roi et il réunit les clans malinkés à Siby. Selon les traditions orales, il aurait organisé une armée composée de dix mille cavaliers et de cent mille fantassins et entrepris la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, c’est vers 1235 que Soundiata Keïta vainc l’armée de Soumaoro à Kirina. Selon la légende, Soumaoro disparaît dans les montagnes autour de Koulikoro. Sundjata Keïta conquiert alors tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’Empire du Mali. Il est proclamé « Mansa » ce qui signifie « Roi des rois ». Il met en place une organisation administrative et militaire. La population est répartie en 30 clans : 16 clans d'hommes libres; 4 clans de griots; 5 clans maraboutiques, et 5 clans d'artisans. Pour rassembler ces clans, il instaure le système de parenté à plaisanterie. Il met en place deux gouvernements militaires au Nord à Soura et au Sud à Sankaran. Il établit la capitale de l’Empire à Niani.

Après ces conquêtes, le règne de Sundjata Keïta est connu pour être une époque de paix, de prospérité et de liberté suite à la proclamation de la Charte du Manden. L’empire du Mali regroupait alors des populations issues de différentes ethnies (Malinkés, Bambaras, Wolofs, Toucouleurs)

Sundjata Keïta meurt vers 1255, vraisemblablement par noyade. Selon la légende, il se serait transformé en hippopotame.

Les successeurs de Soundiata Keïta
À la mort de Soundiata Keïta, plusieurs de ses fils lui ont succédé : Ouali Mansa wullen (vers 1255 - vers 1270), Ouati (vers 1270 - vers 1274), Khalifa (vers 1274 - vers 1275). Ensuite, c’est Abu Bakr (Abubakar I) (vers 1275 - 1285), petit-fils de Soundiata Keïta qui prend le trône.

Après la mort de ce dernier, Sakoura, qui ne fait pas partie de la lignée des Keïta, s’empare du trône et règne pendant 15 ans, de 1285 à 1300 pendant lesquels il va consolider l’Empire.

À sa mort, les descendant de Soundiata Keïta retrouvent le pouvoir avec Gao (vers 1300-1305), puis le fils de ce dernier, Mohammed ibn Gao (vers 1305-1310), enfin son neveu Aboubakri II (vers 1310-1312). Aboubakri II est devenu célèbre en lançant deux expéditions pour connaître les limites de l’océan. En effet, Ibn Fadl Alla Al Omari rapporte qu'Aboubakry II aurait d'abord équipé deux cents « navires » en vue d'explorer l'autr e rive de l'Océan Atlantique ; dont aucun équipage ne serait revenu. Puis il en affréta deux mille autres dont il prit le commandement, mais ne revint jamais de son expédition. La tradition malinké le considérant alors comme mort, ce qui en justifia la succession, en l'occurrence, par son fils Kankou Moussa.
  • Soundiata Keïta (1240-1255)
  • Ouali Keïta (1255-1270)
  • Ouati Keïta (1270-1274)
  • Khalifa Keïta (1274-1275)
  • Abu Bakr (1275-1285)
  • Sakoura (1285-1300)
  • Gao (1300-1305)
  • Mohammed ibn Gao (1305-1310)
  • Aboubakri II (1310-1312)


Portrait de Mansa Moussa sur une carte datant de 1375Portrait de Mansa Moussa sur une carte datant de 1375

Kankou (Mansa) Moussa
Vers 1312, Kankou Moussa (ou Kango Moussa, ou Kankan Moussa, ou Mansa Moussa), arrive au pouvoir. C’est sous son règne que l’Empire du Mali atteint son apogée : de l'Adrar des Ifoghas à l'estuaire de Gambie.

En 1324, il effectue un pèlerinage à la Mecque dont la tradition et les sources arabes garderont le souvenir des fastes : accompagné de milliers de serviteurs et d’esclaves, il aurait emporté tellement d’or (environ 10 tonnes) que le cours du métal précieux aurait baissé pendant plusieurs années. Sa générosité aurait frappé les esprits. Néanmoins, selon Elikia Mbokolo, Mansa Moussa aurait vendu la plupart des esclaves (8 700 à 14 000 selon des sources) en Égypte et en Arabie.

Toutefois, Serge Daget et François Renault observent qu'à ce propos les sources arabes ne sont pas unanimes, ni sur les effectifs (de 8 000 à 14 000) du cortège de Kankou Moussa, ni sur leur statut : tantôt on parle d'« esclaves », tantôt de « sujets » ou encore de « personnes » ; sans toujours savoir s'ils ont été vendus par le Mansa Mali. Kango Moussa revient au Mali accompagné de plusieurs hommes de science et de culture dont Abou Ishaq es-Sahéli, originaire de Grenade qui a été l’architecte de la Mosquée Djingareyber de Tombouctou construite en 1328 à Tombouctou. Mansa Moussa meurt en 1337.

Les successeurs de Kankou (Mansa) Moussa et le déclin de l’Empire du Mali
Plusieurs empereurs se sont succédé : Mansa Maghan (1337-1341), Mansa Souleymane, frère de Mansa Moussa (vers 1341-1360), son fils Kassa (vers 1360), Mari Diata II, fils de Mansa Maghan (vers 1360-1374), son fils Moussa II (vers 1374-1387), Magha II (vers 1387-1389), et l'usurpateur Sandaki (vers 1389-1390).

Après la mort de Mansa Souleymane, des querelles de successions affaiblissent l’Empire qui sera attaqué par les Mossi, les Touaregs puis les Songhaïs. Entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle, Le Mali se réduit à ses dimensions d’origine.
  • Kanga Moussa (ou Kouta Moussa) (1312-1337)
  • Maghan (1337-1341)
  • Mansa Souleiman (1341-1360)
  • Kassa (1360)
  • Mari Diata II (1360-1374)
  • Musa II (1374-1387)
  • Maghan II (1387-1389)
  • Sandaki (1389-1390)
  • Mahmud (1390-1400)
  • Mansas inconnus (1400-1546)
Mali | République du Mali
En attendant une décision officielle du Palais autorisant l’armée à intervenir au Mali au côté de la force africaine, les services de sûreté sont en état d’alerte. Une lettre attribuée à un ex-soldat ayant rejoint les rangs d’Ansar Eddine alimente davantage ce contexte de tension.

Le Maroc suit avec une attention particulière la guerre au Mali. Ses services de sûreté sont en état d’alerte en prévision à d'éventuelles attaques de groupes terroristes ayant des accointances avec les antennes locales d’Al Qaida qui contrôlent la grande partie du territoire de ce pays. L’information a fait, hier, la Une d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le quotidien arabophone affirme que les autorités marocaines ont élaboré un plan visant à renforcer les mesures de sécurité pour assurer une protection aux Marocains, touristes et représentations diplomatiques des pays étrangers. L’une des premières manifestations de ce plan est le retour à l’installation de barrages à l’entrée des grandes villes, comme celui que nous avons constaté, lundi, à Casablanca.

Une lettre d’un ex-soldat ayant rejoint Ansar Eddine au Mali
Et il n’y a pas que la police qui est en alerte à cause de l’escalade militaire au Mali. Une lettre écrite attribuée à un ancien soldat marocain, présenté sous le pseudonyme d’Abou Hafs Abdelfattah, qui aurait rejoint les rangs d’Ansar Eddine est une autre source d’inquiétude pour les services de sûreté.
La missive publiée sur un site très proche d’Al Qaida, http://as-ansar.com/vb/showthread.php?t=78073, demande ouvertement aux militaires marocains qui seraient envoyés au Mali pour combattre les groupes islamistes de refuser les ordres de leur hiérarchie. Dans son édition, d’hier, le quotidien Al Massae avance que les services secrets mènent des investigations afin de connaître l’identité exacte de cet ancien soldat des FAR.

Combien y a-t-il de Marocains au Mali ?
La présence d’un ex-militaire marocain combattant du groupe Ansar Eddine ne constitue guère une surprise. Fin novembre, le ministère de l’Intérieur annonçait, dans un communiqué, le démantèlement d’une cellule de recrutement de volontaires destinés à AQMI et le MUJAO. Avant que les autorités n’aient réussi à mettre un terme à son activité, le groupe a pu envoyer « plus de vingt volontaires-dont les identités ont été déterminées- pour le jihad dans les rangs d’ Al Qaïda dans le Maghreb islamique (AQMI) et son allié le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dans le nord du Mali, où ils suivaient des entraînements militaires en vue de les associer à des opérations terroristes dans la région », précisait le même communiqué.

Le 25 décembre, le département de Mohand Laenser annonçait, également, l’arrestation d’une autre cellule de recrutement de jihadistes pour le compte d’AQMI.

Mise à jour du 1er avril 2012: Des rebelles touareg sont entrés dimanche 1er avril à la mi-journée dans la ville de Tombouctou, dernière ville du nord-est du Mali encore sous contrôle gouvernemental, ont rapporté à l'AFP des témoins.
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C'est dans une atmosphère tendue qu'Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, s'est rendu au Mali. En visite dans le pays, le ministre a exhorté le gouvernement malien à négocier avec les rebelles, rappelant qu'aucune solution militaire n'était possible à ce conflit. Depuis plusieurs mois, l'affrontement entre les forces maliennes et la rébellion touareg portée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ne cesse de s'intensifier.
Un rideau de sable semble isoler le nord du Mali. La quasi-absence de médias sur place et d'humanitaires rend la situation difficile à cerner et multiplie les versions sur l'origine de ce conflit.
«On est dans une guerre de communication, dans une zone poudrière qui cristallise l'enjeu sécuritaire de la région, une zone stratégique, non contrôlée où se brasse une rébellion touareg, des narcotraficants, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et quelques mines d'uranium», explique Anne Giudicelli, dirigeante du cabinet de consulting, Terrorisc.

Guerre ethnique? Génocide? Lutte populaire?

Exemple possible de cette guerre de communication, les diverses qualifications qu'a revêtu ce conflit, basé à l'origine sur des revendications territoriales et indépendantistes. En février dernier, à Alger, le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Cherif, a parlé de «guerre ethnique» contre les «Blancs» (les Touareg et les Arabes) à Bamako.
Cette déclaration faisait suite aux événements survenus dans la capitale malienne le 2 février dernier et qualifiés de «Jeudi noir» par une partie de la presse malienne. Pour André Bourgeot, anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de la bande saharo-sahélienne, les propos tenus par Bilal Ag Chérif sont à mesurer:
«Il ne s'agit en aucun cas de guerre ethnique. C'est un mensonge énorme d'autant plus grave qu'il est conscient et relève de la manipulation classique. Déjà en 1990, les rebellions touareg avaient eu recours à la notion de «génocide» pour s'attirer les complaisances occidentales».
Du côté du MNLA, le porte-parole Hama Ag Sid'Ahmed s'en défend:
«Pour Bamako, il s'agit d'une guerre ethnique mais, pour le MNLA, il s'agit d'un combat, d'une lutte populaire, d'un peuple pour la reconquête d'un territoire. Bamako a maladroitement fait basculer le conflit en un affrontement entre le Nord et le Sud».
Ce glissement de discours trouverait son essence dans les rapports qu'entretient le gouvernement avec les Touareg.
«Les citoyens de ces régions ont compris largement qu'ils ne sont pas Maliens. Ils sont traités par les autorités centrales, les militaires et les citoyens des régions du Sud comme des citoyens extérieurs», souligne Hama Ag Sid'Ahmed.
Hélène Claudot-Hawad, ethnologue et directrice de recherche au CNRS, va même plus loin et qualifie de «propagande raciste» l'agissement de Bamako à l'égard des Touareg et de la rébellion. 
«Si, pour les insurgés, l’injustice est la cause du soulèvement, les États préfèrent ne voir dans ces événements (la rébellion) que la manifestation de l’anarchie et du désordre qui seraient le propre du caractère nomade. Cette réduction essentialiste des faits (ramenés à une crise psychologique sans fondement) dévoile la position d’incompréhension et de refus de dialogue des autorités», souligne la chercheuse dans son livre intitulé Touaregs: Voix solitaires sous l'horizon confisqué. 

www.klimanaturali.org
www.megatimes.com.br 

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