République du Congo
Le Congo, ou République du Congo, est un pays d'Afrique centrale, situé de part et d'autre de l'équateur. Ses voisins sont le Gabon, le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo - de laquelle il est séparé, en partie, par le fleuve Congo puis l'Oubangui - et le Cabinda (Angola). Le pays s’étend sur 1 300 km du nord au sud, de l’océan Atlantique à la frontière centrafricaine. La République du Congo est parfois appelée Congo-Brazzaville pour la distinguer de la République démocratique du Congo, aussi appelée Congo-Kinshasa. Elle a également porté le nom de République populaire du Congo de 1969 à 1991.
Avant la colonisation française, le territoire actuel du Congo était occupé par plusieurs entités politiques, parmi lesquelles le royaume téké dans une partie des régions actuelles du Pool et des Plateaux, et dans le Sud, plusieurs royaumes issus de la désagrégation de l'empire Kongo. À la suite de plusieurs missions d'exploration, dont la plus notable reste celle de Savorgnan de Brazza, qui a donné son nom à la capitale du pays, ce territoire est intégré au second empire colonial français à la fin du XIXe siècle. Après soixante-dix ans de colonisation, il prend son indépendance en 1960, avec pour premier chef de l'État l'abbé Fulbert Youlou. Les deux décennies suivantes sont marquées par un grand nombre de tentatives de coup d'État, dont quatre réussissent (1963, 1968, 1977 et 1979). Le chef de l'État actuel est Denis Sassou-Nguesso ; il a été au pouvoir de 1979 à 1991, puis de 1997 - date à laquelle il renverse le président élu Pascal Lissouba - à nos jours.
Malgré les faibles ressources financières de la République du Congo, le pays s'est longtemps distinguée par des taux de scolarisation et d'alphabétisation exceptionnels en Afrique subsaharienne, qui se sont dégradés à la suite des guerres civiles des années 1990. Depuis une dizaine d'années, la stabilisation de la situation politique et l'essor de la production d'hydrocarbures - le Congo est aujourd'hui le quatrième producteur de pétrole du Golfe de Guinée - assurent au pays une relative prospérité au point de vue macroéconomique, malgré des infrastructures et des services publics en mauvais état, et de fortes inégalités dans la répartition des revenus pétroliers.
La Guerre de Kongo-Wara et Karnou en Afrique Centralepar Raphaël Nzabakomada-Yakoma
Il se pose un problème de terminologie. Dans les rares ouvrages et les articles où le présent sujet a été abordé, il a été question de " révolte baya ", de " soulèvement " ou " révoltes de la Haute-Sangha "; mais ces expressions ne recouvrent pas à nos yeux toute la réalité de l'événement.
La première limite la lutte à une seule ethnie, les Gbaya, et la seconde la cadre dans la région de la Haute-Sangha. Nous avons préféré employer l'appellation " guerre du Kongo-wara " : elle est l'expression emblématique consacrée par la tradition populaire; elle a l'avantage d'être générale et de désigner tous les actes insurrectionnels des confins orientaux du Cameroun et des régions de l'A.E.F. contre l'occupation française entre 1928 et 1932.
En ce qui concerne le leader de ce mouvement, nous avons choisi de rétablir l'appellation populaire au lieu de reprendre l'orthographe erronée de " Karinou "; nous écrirons donc " Karnou ".
La guerre du Kongo-wara est avant tout une lutte anticoloniale, une insurrection des populations de l'A.E.F. et du Cameroun contre l'impérialisme français. En 1928, au moment où éclata l'insurrection, les différents territoires de l'A.E.F, le Gabon, le Moyen-Congo, l'Oubangui-Chari et le Tchad, furent en effet les théâtres d'affrontements sanglants : conquête militaire, portage, régimes des compagnies concessionnaires, et de l'impôt de capitation, sévices et crimes de toutes sortes, travail forcé - un des principaux instruments de la politique coloniale - avaient gravement éprouvé les populations.
Les habitants des régions orientales du Cameroun et de l'A.E.F., depuis Ouesso, Imfondo, Boda et Mbaïki, jusqu'à Baïbokoum, Moissala, Betare, Batoum et Meigouga, subissaient, depuis près de trente ans, ce sévère régime et leurs tentatives de soulèvement ou leurs révoltes avaient été noyées dans le sang : elles s'apparentaient, d'ailleurs, plutôt à des actes de désespoir face à un implacable système d'exploitation.
L'insurrection de 1928, pensée et conçue par Karnou à partir de 1923, dans un petit village de Nahing situé entre Bouar et Baboua (actuelle République centrafricaine) fut d'un autre type. Par son ampleur, par la mobilisation des différents groupes ethniques, par sa durée, par son écho au niveau de l'Administration locale et en métropole, par l'ardeur des combattants, la révolta, qui débuta en mai-juin 1928, mérite une place spécifique dans l'histoire de la résistance anticoloniale en Afrique noire.
Toutes les passions humaines ont pu, alors, se manifester, aussi bien du côté des révoltés que des autorités coloniales. Les haines endormies se sont progressivement éveillées à l'appel de Karnou. Le sentiment et, aussi, la conscience de vivre un temps nouveau, gagnèrent les différents villages. Les populations se trouvaient, pensaient-elles, à l'aube d'une ère nouvelle, à savoir d'une ère de liberté, perdue depuis l'occupation française. Aussi se jetèrent-elles dans le combat avec courage et abnégation. Les forces de répressions qui avaient l'habitude de ne rencontrer, pendant leurs tournées, que des " des peureux " ou des " fuyards " se heurtèrent, alors, à des hommes " nouveaux ", des " excités ", des " enragés ", selon les rédacteurs des rapports administratifs et militaires.
Il ne s'agissait pas d'un simple coup de sang, mais d'un acte de révolte profonde qui se transforma en insurrection contre le système colonial. Ainsi, en dépit de la campagne de presse coloniale tendant à en réduire la nature, Julien Maigret, journaliste au Monde colonial illustré, écrivait, en avril 1930 : " La révolte de la Sangha est une épisode tragique, plein d'enseignements, de l'évolution qui travaille qui travaille l'âme noire depuis le jour où l'homme blanc, qui fût français, anglais, belge, ou allemand, peu importe, a prétendu imposé aux indigènes de l'Afrique, son éthique et ses méthodes d'organisation politique? " (pp. 14-15)
Né, en 1944 à Baboua (République centrafricaine, au cœur de la région concernée par la guerre de Kongo-wara), M. Raphaël NABAKOMADA-YAKOMA a fait des études supérieurs aux Universités Paris X et Paris VII. Docteur de 3e Cycle en Histoire - le présent ouvrage est une reprise de sa thèse -, Assistant et Maître-Assistant à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Bangui (1972-1982), Doyen de cette faculté de 1976 à 1979 - il fut destitué par Bokassa après les événements de janviers et avril 1979 -, Chef de son Département d'Histoire (1982), il y exerça ensuite les fonctions de Maître de Conférence jusqu'à sa mort, en 1985.
Histoire ancienne
Les Pygmées Mbuti sont les premiers habitants du Congo. Le pays a ensuite été touché par la grande migration des Bantous, venus du nord en longeant la côte et les cours d'eau. Plusieurs royaumes se succèdent, dont on ne connaît pas encore bien les origines : le royaume Téké au nord dans les terres ; plusieurs royaumes Kongo, sur la côte et dans le massif du Mayombe. Les Bantous introduisent le travail du fer et construisent un réseau commercial dans le bassin du Congo.
Schématiquement, les structures géopolitiques précoloniales congolaises peuvent se simplifier en deux catégories : les sociétés sans État, fondées sur des chefferies qui sont autant de micro-nations que des conditions géographiques et démographiques difficiles ont maintenues dans un relatif isolement, ceci dans la moitié Nord du pays, terres Mboshi, Makaa etc; les sociétés à État organisé, dans la moitié Sud, autour de trois pôles essentiels: l'État Teke, fondé peut-être dès le XIIIe siècle, la province nord de l'ancien empire Kongo, ou province de Nsundi, et sur la côte, le très vieux royaume de Loango des Vili, centré sur sa capitale, Bwali, près des gorges de Diosso.
Des vestiges, ténus certes, mais assez nombreux, attestent de cultures assez avancées sur l'actuel territoire congolais, bien avant ces États que nous connaissons : poteries, vestiges de fours à métaux, de grands travaux (tunnel sous le mont Albert près de Mouyondzi…) remontent à avant le XIIIe siècle, parfois avant l'an mille.
Colonisation
Les premiers contacts avec les Européens ont lieu au XVe siècle, et des échanges commerciaux sont rapidement établis avec les royaumes locaux. La région côtière est une source majeure durant la traite d'esclaves transatlantique. Lorsque celle-ci prend fin au XIXe siècle, les pouvoirs bantous s'érodent pour laisser place au colonialisme. En 1482, après les premières reconnaissances effectuées par des navigateurs portugais, l'explorateur Don Diego Cao atteint l'embouchure du Congo. Les contacts avec le royaume du Kongo suscitent des tensions. La traite opère une grande ponction démographique et déstabilise considérablement les entités politiques et les sociétés d'Afrique centrale en général.
La pénétration française débute vers 1875 avec Pierre Savorgnan de Brazza ; il atteint le Congo en 1879 en remontant le cours de l'Ogoué, jusqu'à l'embouchure de l'actuelle Île Mbamou. En 1880, il fait signer un traité de souveraineté au Makoko, le roi, des Tékés à Mbé (100 km au Nord de Brazzaville), et fonde le poste de Mfoa, en référence à une rivière qui dessert la ville, et qui deviendra plus tard Brazzaville. Dans le même temps, le lieutenant de vaisseau Cordier explore la région du Kouilou et du Niari, et fait signer au Maloango, chef principal des Vilis appartenant à la mouvance Kongo, un traité qui reconnaît la souveraineté de la France sur le royaume de Loango, et fonde à son tour en 1883 Pointe-Noire, dont la gare ferroviaire CFCO est inspirée de celle de Deauville en France. En 1885, le Congo devient l'un des quatre États de l'Afrique Équatoriale Française, et Brazzaville, la capitale de l'A.E.F. La colonie du Congo français est créée en 1891, l’actuel territoire gabonais en fait partie jusqu’en 1904.
Dès 1899, le territoire est cédé à des compagnies concessionnaires, qui versent un impôt à l’administration française. Ces compagnies exploitent majoritairement le caoutchouc. Elles reçoivent pour trente ans, d’immenses domaines variant entre 200 000 et 14 millions d’hectares. Lesdites compagnies doivent verser 15% de leurs bénéfices comme impôts à l’administration française. Elles exploitent les ressources naturelles de la colonie comme le sucre, le caoutchouc, l’ivoire ou le bois précieux. Le principal défenseur de ce système économique est Eugène Étienne, alors sous-secrétaire d’État aux colonies. Un autre sous-secrétaire d’État aux colonies, Théophile Delcassé, accorde discrètement, sans publication officielle du contrat, une concession de 11 millions d’hectares (soit 1/5 de la France), située dans le Haut-Ogooué. Puis, de mars à juillet 1899, le ministre des Colonies Guillain accorde, par décret, quarante concessions au Congo français. De nombreuses compagnies concessionnaires sont aux mains de nombreux actionnaires, dont Léopold II de Belgique qui achète des actions sous un faux nom. Ce fait découvert après la mort du souverain belge choque beaucoup les autorités françaises de l’époque, qui doivent constater que leur colonie est exploitée par un pays étranger.
Voie de l'indépendance
En 1926, André Matsoua fonde une amicale chargée de venir en aide aux tirailleurs (anciens combattants qui ont participé aux côtés de l'armée française à la première guerre mondiale). Les conditions d'exploitation de la colonie expliquent que le nationalisme se soit vite développé au Congo. Cette amicale devient vite un mouvement de protestation, l'administration coloniale prend peur, et fait incarcérer Matsoua, qui meurt en prison en 1942, dans des conditions restées obscures. Le mouvement se transforme alors en une église qui recrute surtout dans l'ethnie d'origine.
Le nationalisme congolais prend réellement corps après la deuxième guerre mondiale. En 1945, les Congolais élisent le premier député congolais, Jean-Félix Tchicaya, à l'assemblée constituante de Paris. Celui-ci fonde en 1946 le Parti progressiste congolais (PPC), section congolaise du Rassemblement démocratique africain (RDA). Tchicaya s'oppose à Jacques Opangault. L'un et l'autre sont pris de vitesse par l'abbé Fulbert Youlou, fondateur de l'Union Démocratique de Défense des Intérêts Africains (UDDIA), qui remporte avec éclat les élections municipales de 1956. En 1958, le référendum sur la Communauté française obtient 99 % de « oui » au Moyen-Congo. Le Congo devient une république autonome, avec Fulbert Youlou pour Premier ministre. En 1959, des troubles éclatent à Brazzaville et l'armée française intervient : Youlou est élu président de la République, et, le 15 août 1960, le Congo accède à l'indépendance.
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